mardi 1 décembre 2015


KRABI ........  Partie n° 2

Nous sortons de Ao Nang en direction de la ville de Krabi. Si Yvon se rappelle à peut près dans quelle direction il faut se diriger, au bout d'un moment il se sent un peu perdu. Nous nous arrêtons et demandons à une personne où se diriger pour rejoindre le Wat Tham Seua ( littéralement cela veut dire : temple grotte tigre ) , la jeune femme nous montre la route à gauche. Ok allons y , mais au bout de cinq minutes les sourcils froncés d'Yvon nous jettent un doute ! 

- " On redemande à quelqu'un ? "
- " Oui ça ne ressemble pas à la route de la dernière fois "

Nous profitons d'un feu rouge pour questionner une dame sur son scooter. C'est à droite puis au troisième feu prendre encore à droite. Au bout du compte, re-sourcils froncés d'Yvon.
Cette fois ci, Kasira s'adresse à un thaï bouddhiste qui nous donnera les bonnes indications. Cela fait deux fois que nous demandons notre chemin à une musulmane parée de son foulard et deux fois que l'on nous envoie n'importe où ! Soit c'est de la malveillance, soit elles ne connaissent pas ce temple qui n'est pas de leur confession !!! Ce wat étant aussi connu que Notre Dame à Paris, je vous laisse tirer vos conclusions.


Cinq kilomètres plus loin nous tournons à gauche comme convenu. Tout au loin, un piton rocheux comme il y en a des centaines dans la région, et à son sommet, une structure dorée caractéristique des wat bouddhistes. Trois gouttes et demi nous obligent à nous arrêter dans un 7/11 où nous achetons des boissons et des sucreries. Friandises que nos muscles utiliseront jusqu'aux dernières dans quelques minutes. les gouttelettes ayant terminé leur chute verticale de haut en bas, nous poursuivons jusqu'au pied du piton karstique. Là se trouve le Wat Tham Seua. Selon la légende, un tigre aurait vécu dans une grotte en bas de ce "pain de sucre".

- " Encore du sucre !! tu vas finir par choper le diabète "
- " Au lieu de raconter des âneries, suis nous et l'on verra dans une grosse demi heure si tu la ramènes autant "

Pour en finir avec ce tigre, avant d'être à nouveau perturbé par le "bargeot qui est dans ma tête" , sans doute trop dérangé par les visites apeurées ou agressives des humains, il finira par disparaître. Les hommes ont ensuite construit un temple en bas de cette mini montagne de 600 mètres, puis comme d'habitude se sont mis en tête de fabriquer un monument à la gloire de Bouddha, tout en haut du piton. La peur de l'inconnu et de la mort des hommes leur fait faire des choses insensées. Cette fois ci, grimper la falaise abrupte, y construire un chemin, puis un escalier et monter pierres par pierres de quoi fabriquer tout un ensemble, est tout bonnement de la folie furieuse. Le résultat est à la hauteur ( si j'ose dire ) de leurs attentes. Il s'agit d'un chemin initiatique doublé d'une épreuve sportive. En bas de l'escalier, se trouve un poteau bleu arborant fièrement un panneau, sur lequel est noté un chiffre :  1237 marches. Tout en haut, sur le dernier pilier, est peint : 1260 marches et pour d'autres il y en aurait 1284. Moi je sais combien il y en a : c'est : .....beaucoup trop .....

Le fameux panneau, début d'une longue série de marches ne ressemblant pas, mais alors pas du tout aux premières que l'on voit ici ...



Nous nous regardons et nous souhaitons bon courage. Chacun va devoir affronter la montagne et la souffrance musculaire, muscle cardiaque compris. Je me souviens très bien des marches en montagne durant mon service militaire en Allemagne. Ils m'avaient appris à monter lentement, sans à-coups, mais avec persistance et obstination. J'ai ré-appliqué cette technique qui c'est avérée payante. Un groupe de cinq hollandais m'a doublé quatre fois dans les 300 premières marches, avec un petit sourire laissant sous entendre : alors ! le vieux , on en bave ?. leur manège ne m'intéressait guère, tout occupé à lever une jambe après l'autre et à surveiller mon rythme cardiaque. Une quatrième fois, donc, je redoublais ces jeunes bataves, et je vis les sourcils de la jeune femme se relever très légèrement, comme pour dire: encore toi ! t'arrêtes jamais ou quoi ?. En effet, mon rythme était lent, mais je mis un point d'honneur à ne faire strictement aucune pose. Ils me redoublèrent une cinquième fois, et je vis un des gars grimper une volée d'une cinquantaine de marches en courant !!! une folie cardiaque. Ils s'arrêtèrent au palier suivant, et une fois de plus ils me virent arriver à peine une minute plus tard. Ils avaient définitivement perdus leurs sourires et je ne les revis plus avant le sommet, et ce un bon quart d'heure après. Certaines marches, et ce jusqu'au palier suivant, étaient d'une hauteur impressionnante. J'ai même vu un passage d'une trentaine de marches si abruptes et si peu larges que l'on ne pouvait y poser que la moitié du pied !! heureusement ce passage mortel a été condamné et contourné. A voir l'endroit, il y a du y avoir un mort par chute, imposant la modification de l'endroit. 
Le rythme cardiaque est très intense et le bruit des systoles résonnent dans mes oreilles. A chaque palier, un poteau bleu vous donne le nombre de marches vaincues. 1260 !!  ça n'en fini jamais !! de plus la moyenne des marches sont plus abruptes et plus hautes que les marches standardisées de France. En plus pour vous saper le moral et les muscles des jambes, certaines portions sont terribles. ces volées semblent être des murs .... J'ai beau regarder vers le haut, mais je ne vois que des branches et de temps en temps des macaques. Souvent le corps semble céder, refuser d'avancer, mais la volonté est une chose impressionnante. Je n'ai jamais eu beaucoup de pitié pour mon squelette et mes muscles et une fois de plus la tête imposa au reste de monter les 600 mètres de marches en une seule traite. Nous nous retrouvons au sommet Yvon et moi, un sourire sur notre visage luisant de sueur. La bouteille d'eau, vite, la bouteille d'eau. Un quart d'heure plus tard nous vîmes arriver Philippe, et juste derrière Kasira. J'étais fier de ma copine et de son parcours montagnard. Elle l'avait sans doute fait pour Bouddha. Le bouddha en question ne lui épargnera pas les douleurs lancinantes des courbatures musculaires durant les deux jours suivants. 

Tout là haut la vue est superbe. On domine toute la région et malgré le temps gris et maussade, nous apprécions de voir toute la nature sur 360°.

Le dernier pilier. Lorsque l'on prend cette photo le coeur bat encore la chamade...
 Le petit temple tout en haut du piton rocheux à 600 mètres d'altitude


Si pour la montée, chacun est aux prises avec soi même, pour la descente je pris le temps d'attendre et d'aider Kasira. A mi parcours elle retrouva les singes qui avaient essayé de lui voler sa tablette Samsung. Elle n'osait plus passer. Heureusement, lassé, le macaque dominant s'en alla vaquer à ses occupations de primate. Nous retrouvâmes Yvon et Philippe au parking motorbikes et retournâmes sur Ao Nang. La soirée fut classique avec le programme restaurant/massage. Retour au petit hôtel de bord de plage. Pas cher ce petit hôtel, mais bon, si le lit est large, il n'est pas très long. Mes pieds et mes chevilles sont dans le vide !! . Nous finirons par nous endormir en travers du lit, puisqu'il était plus large que long ...

- " Demain nous allons à Klong Thom et à Sa Morakot "
- " Les sources ? c'est bien ça ? "
- " Plus exactement des piscines "
- " Et c'est loin ? "
- " Ah ! Sa Morakot ? une bonne cinquantaine de kilomètres au sud de Krabi !! "

Avec les travaux perpétuels, nous raterons même la bifurcation à gauche et ferons une bonne quinzaine de kilomètres en trop !!
Enfin arrivés, nous nous acquittons du billet d'entrée de 200 bahts, puis empruntons un large chemin en terre sous la frondaison et les grands arbres. La chaleur est très présente et nous nous languissons d'arriver à l' Emerald Pool. Il faut pour cela longer un ruisseau d'une pureté surprenante. Le kilomètre parcouru, un étang s'offre à notre vue. L'eau est effectivement verte et d'une grande clarté.
De nombreuses personnes se baignent, mais nous poursuivons sur un sentier de plus en plus étroit vers la "Blue Pool". Cette fois ci elle est bien plus petite, mais la couleur bleu turquoise est tout simplement stupéfiante !! les gens se regardent en souriant, incrédules. Un panneau précise même, que si l'on frappe fort dans ses mains, les bulles remontant du fond se feront plus intenses ! et c'est le cas !! La baignade y est interdite pour ne pas remuer la vase très présente sur les bords. Il semblerait d'ailleurs, qu'avec le temps, la partie bleu turquoise se rétrécisse doucement. S'ils veulent garder ce joyau, il faudra bientôt procéder à des opérations de nettoyage.
Rebroussons chemin et retournons à l' Emerald Pool. La pente douce qui amène l'eau à cette piscine naturelle est recouverte d'algues ou autres micro-organismes, rendant cette dernière si glissante que certains s'amusent à se laisser glisser sur les fesses jusqu'en bas, rejoignant les nageurs et autres "pataugeurs". Nous faisons de même et prenons notre bain. La température de l'eau est celle que nous connaissons, soit 28 ou 29°. Après un gros quart d'heure de baignade, nous reprenons le chemin boisé et retrouvons nos motorbikes.


Le petit ruisseau limpide traversant la forêt...



Les trois énergumènes devant la Blue Pool ...
 L'incroyable couleur de cette mare .........



                L'émerald pool......
                                     


Nous n'avons que quelques kilomètres à faire pour nous rendre aux "Hot Streams" ou sources chaudes. Cette fois ci, nous avançons sur un chemin de ciment surélevé, afin d'éviter aux visiteurs d'avoir à patauger dans la boue. Trois cent mètres plus loin, nous percevons des cris de joie qui résonnent dans la forêt. Les sources chaudes sont là, mais nous les distinguons à peine, puisqu'il y a une bonne douzaine de personnes qui semblent regarder les "baigneurs". Il s'agit de petites cuvettes de pierres ou plutôt de concrétion rocheuse arrondie et disposées en espalier. l'eau tombe en tourbillon dans certaines et transforme les autres en mini piscine à débordement. Ceux qui se prélassent dans l'eau semblent très zen, et n'ont pour toute activité que de regarder l'eau qui les masse doucement. L'attraction de l'endroit nous incite à nous débarrasser rapidement de nos vêtements superflus. Oupps ! attention , ça glisse. Il vaut mieux s'asseoir et se laisser glisser dans une des baignoires. Whaaaaa !!! que du bonheur, L'eau est à 42°, et c'est le bonheur total. certains bassins sont bouillonnant, d'autres très calmes. Les premières minutes sont consacrées à nous laisser bercer par le courant chaud. L'eau n'est pas brûlante comme à la sortie de Phuket, où l'on ne pouvait rentrer directement, non, ici c'est simplement très chaud.
Nous ne pouvons que rarement rester tranquille à se prélasser, aussi l'ambiance commence t'elle à se transformer en joyeuse sarabande. Nous chahutons dans l'eau, et les éclats de rire fusent sous les feuilles de la jungle environnante. Un jeune homme, nous regarde incrédule, le sourire aux lèvres. Il nous interpellera par la suite, en nous demandant de ne jamais changer et de rester joyeux comme des ados. Après quelques échanges, il nous dira qu'il est turc et qu'il vit aussi en Thaïlande. 
Il semble qu'il soit conseillé d'interrompre le bain après une demi heure ou 45 minutes. L'eau est en effet très chargée en cuivre et si cette immersion est un bien fait indéniable, le prolonger serait une erreur. 

 Et voila , on veut me noyer !!!!!


 Une des magnifiques baignoires d'eau chaude..........
 Monsieur est tout content de voir sa poche emplie d'air ....

 Ca recommence !!! et en plus ça les amuse !!!

 La petite rivière où se jettent les eaux chaudes des sources ...



Nous plions donc bagages, c'est à dire le maillot de bain et retournons à nos fiers destriers. Nous sommes en effet à près de 300 kms de la maison et le retour ne se fera pas tout seul.
Pas question de filer à 100 km/h comme sur la fin du parcours aller, mais pas question de traîner non plus. Nous roulons donc de concert, l'un derrière l'autre, sous un soleil implacable. La poussière des gros véhicules est très présente, de même que la fumée noire des camions ou cars trop anciens. Manifestement les contrôles anti-pollution ne sont ici qu'une vue de l'esprit.
Nous arriverons à Kamala fourbus, mais tellement heureux d'avoir passé trois jours de découverte et de franche rigolade.
Kasira supporta le retour avec courage, puisque les muscles de ses jambes la faisait déjà souffrir de courbatures, suite à l'escalade des marches sur les 600 mètres de dénivelé du wat de la grotte du tigre. Le baume du tigre éponyme ne pourra malheureusement pas la soulager.

Il va me falloir déposer mon Tricity chez Yamaha, puisqu'il vient d'atteindre les 20 000 kms. Il a mérité un bonne vidange et une révision assez poussée.
Pour les passagers, ça sera un bon massage, doublé d'une boisson fraîche. Ici, et cela m'a choqué au début, on place les bouteilles de vin au frigo, puis l'on rajoute des glaçons dans les verres ! attendez d'être ici pour vos vacances, et ensuite vous ferez comme bon vous semble. J'ai pour ma part suivi la coutume locale.

Gilles .......  Journaliste au Phuket Magazine , contrôleur de piscines naturelles...