lundi 13 juillet 2015


DU PARA-MOTEUR SUR LA PLAGE ! C'EST DENGUE  !!

Cette année la saison des pluies est bien plus marquée. Il est plus difficile de programmer une activité quelconque. Il fait beau, mais d'une demi heure à l'autre un orage peut vous surprendre.

- " Tu ne trouves pas qu'il fait plus beau aujourd'hui ? tout au moins le vent semble absent ? "
- " Je crois bien que tu as raison " répondit Yvon
- " Et une sortie du para-moteur sur la plage de Kamala ? "
- " Allez ! go , sinon on ne fera jamais rien "

Il est 16h 30 et la fin d'après midi, en basse saison, nous promet un coté de la plage libre de touristes. Après avoir vérifié la charge de la batterie du Canon ...

" Ahh bon , Yvon se fait propulser par un canon ? "
" Le v'là l'autre !! prononces "Canonne" et il n'y aura pas photo ...."

Nous sommes garés près du klong et déchargeons le matériel. Yvon porte le moteur et l'hélice et moi le gros sac de la voile. 200 mètres plus loin, nous déposons tout le barda sur l'herbe du haut de la plage. 
Déballage de la voile rectangulaire, et démarrage du moteur. Tout se passe le mieux du monde, mais je suis surpris du peu d'énergie que mon grand corps déploie !!







Après diverses vérifications de contrôle, sécurité oblige, je m'éloigne vers l'eau, en cadrant Yvon dans le viseur de la caméra. Il accélère pour décrasser le moteur, tout en se penchant en avant pour contrer la poussée de l'hélice. Tout est prêt, un coup de rein et la voile de parapente s'élève au dessus de notre icare expatrié. Les gaz à fond Yvon court sous la poussée du petit moteur 2 temps, puis commence à pédaler dans le vide, la voile l'a soulevé en douceur et le para-moteur s'en va majestueusement au ras de la cime des arbres. Un ou deux ronds en l'air afin de participer au petit film et le voilà parti en longeant le bord de mer.




La plage est très longue et les douze mètres de la voile sont bien nécessaires pour continuer à bien le distinguer. Tout au bout, virage sur la droite et .... il se pose  !!!! 
Mais que se passe t'il ? ce n'était pas prévu !!!
Kasira et moi nous interrogeons, d'autant plus que les minutes s'écoulent et toujours pas de décollage en vue !!
Dans ma p'tite tête, je ne vois que deux solutions plausibles: une panne moteur ou les flics " non , monsieur, pas au dessus de la plage " .
L'attente est longue et je ne sais pas trop quoi faire ...

- " Go , teerak , go to look ! "
Go , go , elle est longue cette plage ! et une fois arrivé aux trois/quarts , je vais le voir repartir !! ou alors il faut y aller en courant !! mon tendon d'Achille et ma méforme à la course me freinent . 
Mais ! pas trop le choix, puisqu'il n'y a aucune activité perceptible à l'autre bout. 
Je prend donc un rythme de croisière puis allonge lentement la foulée. Ca commence à aller vite , mais bon sang qu'elle est longue cette bande de sable tropical. J'ai le coeur qui commence à battre la chamade et je fini les 100 derniers mètres en marchant. Yvon est là, un peu embarrassé et il m'explique que le moteur s'est soudainement arrêté et qu'il n'a eu que le temps de se poser en planant très peu.
Réflexion à retenir, s'éloigner du bord de la plage hypothéquerait peut être un atterrissage sur les grains de silice. Et amerrir avec tout se matériel sur le dos, poserait très certainement de gros problèmes pour décapeler et remonter à la surface ! Sans parler de la perte partielle du matériel. 
Pour le moment, il faut redémarrer et ramener tout le monde à bon port. Après avoir posé quelques questions à Yvon sur la façon dont le moteur à réagi, j'en conclu qu'il a simplement "avalé" une impureté et que le carburateur n'a plus fourni l'essence nécessaire.

- " Pompe un peu d'essence et démarre sans accélérer "
Yvon s'exécute et après deux ou trois tentatives le moteur reprend vie. 
Le vent diagonal surprend notre pilote au premier essai, aussi part il sur le coté en direction d'un touriste assis sur un tronc d'arbre. Voyant cet équipage lui foncer dessus il prendra ses jambes à son cou et nous ne le reverrons plus :  Je suis mort de rire ..

- " N'oublies pas que je n'ai que deux jambes et qu'il te faudra m'attendre à l'autre bout si tu veux le film de l'atterrissage "  ( j'ai failli lui dire "du crash" )  

C'est pas tout , il me faut reprendre mon pas de course pour rejoindre Kasira à l'autre bout, lieu prévu par Yvon pour s'encastrer dans le sable. 
Je vais vite, zigzaguant parfois autour des jeunes couples chinois se faisant prendre en photos en costume de mariage. Il y a aujourd'hui, une bonne demi douzaine de couples par jours qui anticipent leurs images de bonheur, sous les directives des photographes thaïs qui ont trouvé là un filon juteux. Si nos petites chinoises sont mimis dans leurs robes de mariées, il ne faut pas regarder dans le dos , des ficelles et autres épingles étant destinées à retenir une robe blanche qui leurs tomberait aux chevilles sans ces artifices. Les robes sont recyclées à longueur de journée d'une fausse mariée à l'autre. Le romantisme coté pile en prend un sacré coup, mais c'est quand même mignon de les voir vivre ce "grand moment de bonheur" à la chaîne. 
Pour le moment, je cours, je vole ( ah non , ça c'est Yvon ) , 
J'ai re-fait plus de la moitié de cette bande de sable , mais je sens que mon corps renâcle et qui plus est, mon tendon d'Achille se réveille. Il me reste 300 mètres à faire mais je suis cuit, rôti, bouilli !!
Je fini en marchant ou plutôt en claudiquant tant mon tendon me fait souffrir. 
Je lève le bras pour signifier à notre St Exupery local que le frère Lumière est prêt à tout filmer. 
Une gracieuse courbe finale et le para-moteur descend en longeant le sable. Voulant se poser sur l'herbe, il infléchit sa courbe et se pose en trottinant, laissant le vent malicieux pousser la voile sur : le lampadaire !!!!
J'en peux plus, je suis mort, mais là c'est trop, je m'écroule de rire en voyant la mine déconfite d'Yvon !!!  Il a tout gérer comme un chef, mais se retrouve comme dans un film de gags, avec son grand mouchoir suspendu et éclairé de l'intérieur !!! 
Coup de bol dans son malheur, le lampadaire est placé le long du muret. Il suffira donc d'y grimper  pour décrocher la voile.
C'est à se demander si on ne fait pas exprès pour avoir des anecdotes à vous raconter...







- " On replie tout et on se retrouve au resto ?  Le Blue Manao ? "
- " Ok à tout à l'heure "

Rentrés à la maison, une grande douche va me permettre de reprendre "du poil de la bête". Mais rien ne va se passer comme d'habitude. J'ai froid, et l'eau brûlante ne fait qu'amplifier cet état de fait. Je tremble de tous les membres, comme si j'avais de la fièvre. Dix minutes sur mon lit n'apporteront aucunes améliorations !!!  Je m'habille pour aller rejoindre nos amis au restaurant mais le coeur n'y est pas. Je le fais contraint et forcé. Peut être qu'un bon repas va me redonner l'énergie que je sens fuir mon corps !!
A table je resterais prostré et incapable d'avaler la moindre bouchée .... Je suis trop fiévreux ...

- " Vas te coucher et une bonne nuit de sommeil va arranger tout ça ! j'espère juste que ce n'est pas un accès de malaria ou de dengue que tu nous fais " rajoute Yvon !!
- " Tu rigoles !! tu crois ? ...  quand je pense que ce crétin de Noé a embarqué un couple de moustiques sur son arche !!!  quel crétin celui là !!! "
- " Même là ! faut que tu racontes des conneries !! "
- " Si j'en raconte plus , c'est que je suis mort ..."

Je rentre à la maison, traversant Kamala comme un zombie, et m'écroule entre mes draps, parce que pour une fois je réclame un drap de dessus. Kasira est un ange et fera tout ce qu'elle peut pour me venir en aide et pour adoucir ce pénible moment.
La nuit sera agitée et je suis trempé de la tête aux pieds. Les deux draps sont à tordre et même mon oreiller est mouillé. Je me sens très mal et je passerai une journée affreuse. Yvon m'appelle pour prendre de mes nouvelles et je lui explique mes symptômes.

- " Tu as exactement tous les signes de la Dengue ..."
J'ai en effet de la fièvre , d'énormes courbatures, mal à la tête et derrière les yeux. Kasira m'oblige à aller voir le docteur de Kamala et je fini par céder.
Il m'expliquera qu'il faut attendre 3 nuits de fièvre intense pour pouvoir conclure à cette maladie tropicale inoculée par certains moustiques infectés.

Ben je ne suis pas clair, parce que demain j'ai un rendez vous important à l'immigration pour valider mes 90 jours, et j'ai eu tant de visites à y effectuer que je ne veux en aucun cas rater ce rendez vous, malade ou pas. 

Kasira ayant prévu depuis plusieurs jours de passer la nuit à Patong avec sa fille, je m'apprête à passer la nuit pour un départ à l'immigration en début de matinée.

Ca ! c'est ce que j'avais prévu ....................................................

Gilles ..........  Journaliste au Phuket Magazine .... cameraman spécialisé dans les crashs aéronautiques ....