vendredi 12 juin 2015


QUELQUES JOURS EN TERRE CEINTE.....

"  Une île entre le ciel et l'eau
une île sans hommes ni bateaux ..."


https://www.youtube.com/watch?v=0rj1swkStAI


- " Vous n'oubliez pas , ce soir , chez nous 19h "
Je clique sur "répondre" et renvoie un mail à Brigitte afin de lui confirmer notre venue à l'heure indiquée. Axel et Brigitte veulent faire un apéro-dinatoire pour leur habituel départ en France . Ils se rendent à Angers à la fin du mois, et ce pour un trimestre. 
L'endroit est magnifique. Un salon bleu turquoise au bord de la piscine éclairée et au dessus de laquelle s'alanguissent paresseusement les grandes feuilles de bananiers. S'affaler dans les larges et confortables coussins est un bonheur et la meilleure façon de faire baisser votre rythme cardiaque. Yvon et Jane arrivent, suivis de Helmuth et Tuk. Notre professeur de thaï, la célèbre You-You, arrivera quelques minutes plus tard. Cela lui fera du temps de gagné afin de soulager ses muscles zygomatiques. La majorité opte pour un petit verre de vin rouge français et nous trinquons à la Thaïlande, à notre retour en France, au soleil, à notre santé, à celle du chat, bref à tout ce qui nous passe par la tête.
Axel, notre chef 3 étoiles, nous ramène des toasts variés et savoureux. Cerise sur le gâteau  (tiens ! déjà !!) du pâté français, du fromage blanc de chèvre, du saumon. C'est bien simple, tout disparaîtra. Seule la chatte fera la difficile et laissera le toast sur lequel était déposé son morceau de saumon !!! 

La soirée sera très joyeuse et les rires fusent au gré des plaisanteries. Le repas se poursuit avec une tourte au saumon accompagnée de sa mayonnaise allégée au yaourt. J'en aurais bien repris mais mon estomac commence à crier grâce. Il reste juste un peu de place pour la glace à la vanille et pour quelques anecdotes. Nous nous quittons, ravis d'avoir passé une soirée délicieuse, entres amis. You-You s'en va le sourire aux lèvres et les pommettes endolories d'avoir trop ri. Son esprit vif et ouvert lui permet d'apprécier ces moments passés en compagnie des "farangs".



 je savais que Yvon était un alien, mais il me fallait une preuve .. la photo ci-dessous devrait suffire...



Deux jours plus tard, je file sur Patong afin d'y rejoindre Kasira qui avait tenue à passer la nuit dans la chambre de sa fille. Je m'arrête dans la ville pour lui téléphoner.

- " Where are you teerak ?"
- " Near 111 shop "  me repondit elle
- " Ok , I come quickly "

Elle me suppose à Kamala et m'attend donc dans un grosse vingtaine de minutes. Etant deux rues plus loin, je débarque et gare le Tricity juste en face d'elle. Elle fera un bond dans sa chaise et éclatera de rire.
- " You crasy !!! "
Euhh ! non ! ça c'est l'autre qui est dans ma tête ...

Je lui propose d'aller jusqu'à la pointe sud de l'île et de trouver le restaurant que m'a signalé Philippe. Restaurant spécialisé dans les poissons et où il a invité Supatra, son amie thaï.
En parlant d'un Philippe, mes meilleurs amis Philippe et Babette m'ont appris avoir booké un vol pour janvier afin de passer des vacances en ma compagnie. Nous n'avons même pas besoin de réfléchir aux endroits que nous leurs ferons découvrir, tellement nous allons les épuiser d'un site à l'autre. Nos "Tours" seront déjà une base merveilleuse et ensuite nous improviserons. Je pense que le retour à St Efflam se fera sur base de siestes. 
Mais, revenons à nos moutons...

- " C'est un méchoui ou du poisson que tu veux manger à Rawaï ? "
- " Tiens pour une fois que tu dis quelque chose de sensé !! "

Nous traversons donc Patong et prenons la route de la corniche pour rejoindre Karon , Kata , Chalong et enfin Rawaï. Le restaurant ne fut pas bien difficile à trouver et nous choisissons une table face à la mer. les frondaisons d'un arbre magnifique nous accueillent et nous dispensent une lumière douce malgré la chaleur. L'endroit est magique: un arbre gigantesque, des tables alignées au bord du muret de protection, la mer, la jetée où l'on aperçoit des pêcheurs, deux îles juste en face, et des oiseaux qui piaillent gentiment.  











 La serveuse, les yeux rieurs, le sourire franc laissant ses dents blanches briller à la faveur des rais de lumière quand le soleil parvient à percer les larges feuilles vert sombre,nous demande presque gênée :
- " Do you want some drink ? "

Elle nous servira très rapidement deux magnifiques noix de coco vertes, dont le jus glacé glissera avec délice dans nos gosiers agressés par la pollution routière.

- " Rhooo ! le menteur ! vous avez commandé des bières ! on les voit bien sur la photo "
- " Méé euh ... ta g..... , ça faisait mieux les noix de coco ! ça faisait écolo et tout !! Mais qu'est ce que j'en ai marre de cuilà !! "

Je regarde Kasira et lui dis : 

- " Il y a des jours ou la vie est dure ! "
- " What !!! "
- " Laisse tomber .... i speak french "

Je m'affale sur mon siège en bois, confortablement installé sur un coussin moelleux et laisse mes longues jambes se glisser sous la table. La douceur suave du lait de coco me caresse les papilles        ( tais toi , je dis ce que je veux ) et je ferme les yeux pendant que Kasira commande notre poisson. J'entre-ouvre un oeil et aperçoit mon Canon turbo diesel 4 motions wifi intercooler. Si l'on a du mal à m'arrêter quand je commence à prendre des photos, quelques fois je l'oublie totalement !!  je ne penserai d'ailleurs pas à photographier notre joli poisson bloblotant sur son mini barbecue !!
Nous dépiautons notre spécimen et avons autant de plaisir à choisir les plus beaux morceaux pour les déposer dans l'assiette de notre chéri ou chérie respectifs, que de le manger soi même. 

Cela fait bien vingt minutes que nous avons fini le dernier morceau de chair blanche, mais nous restons là. Le bruit des vaguelettes nous berce. Nous papotons et bien évidement je lui raconte des bêtises. Son rire est tellement communicatif que parfois je m'esclaffe autant qu'elle !!! à ma décharge , certaines conneries je ne les connaissais pas non plus avant !

- " Kep tang krap " ( la note svp)

Nous serons ruinés : 580 bahts soit environ 16 euros, boissons comprises !!! 

- " Ahh oui ! les fameuses noix de coco ? "
- " Euh , non, pour ça , faut être communiste et homo "

Nous quittons les lieux, avec la ferme intention d'y revenir, pour nous diriger vers l'embarcadère. ce long ruban de ciment marchant sur l'eau me fait penser à celui de Roscoff. Tout au bout, une dizaine de personnes s'adonne à l'épuisante activité qui consiste à lancer un appât, poser la canne à pêche, puis s'allonger dans le hamac !! 
Je tourne la tête et aperçois Kasira, faisant semblant de pêcher avec une longue canne appuyée sur une rambarde chromée !!! Cette môme a toujours le sourire au coeur...



Tout à coup un des pêcheurs relève sa canne et le fil de nylon se tend, ployant dangereusement la fine lame de carbone. Une minute de "combat" et paff, fil coupé...
La même mésaventure arrivera à son voisin cinq minutes plus tard. Ici les poissons doivent avoir un couteau dans la poche.

Après avoir pris quelques photos, nous ré-enfourchons notre bolide. La route menant au Promthep Cape se poursuit le long de la côte direction Kata beach, longeant les plages et falaises abruptes. La petite route est presque idyllique. Le revêtement est parfait, les épingles prononcées incitant plus à la promenade qu'aux records de circuits. Mes bras commencent à cuire et nous garons le motorbike près d'un restaurant. La terrasse surplombe un à pic donnant sur des criques sauvages et des resorts. Une bière fraîche pour moi et un jus de plusieurs fruits frais pour madame. La mer immense nous berce et laisse nos esprits vagabonder. Je fais remarquer à Kasira que l'on peut se rendre compte de la rotondité de notre planète en suivant l'horizon d'un coté puis de l'autre. Nous vivons sur un gros ballon !!










 ci dessous la baie de Karon puis de Patong



Un petit oiseau vient nous tenir compagnie. Ils sont tellement habitués aux humains, qu'ils peuvent, s'ils ont vraiment faim, venir se poser sur votre verre ...




- " Roï sam sip bahts, krap " ( 130 bahts svp ou 3 € 70)
La selle du Tricity est brûlante et Kasira couine un peu en grimpant sur mon bolide. Il est vrai que son petit short en jean ne protège pas grand chose.

Deux collines plus loin nous arrivons à l'entrée de Kata beach. J'allais filer tout droit mais Kasira me suggère de passer par la plage. Soit, je mets le clignotant à gauche, malgré que celui ci ne fonctionne pas très bien. J'ai en effet remarqué que l'ampoule s'allume puis s'éteint puis se rallume pour s'éteindre à nouveau !! et cela tout le temps !! ça doit être un faux contact !!!
Nous commençons à longer le sable blanc à l'ombre des grands arbres (nous hein ! pas le sable !!) quand tout à coup j'ai un haut le coeur !!! Ce que je viens de voir me glace le sang ....
Un gros voilier est échoué sur la plage. Manifestement il a rompu ses amarres, soit pendant la nuit soit pendant que ses propriétaires faisaient la fête, insouciants ou grisés de tant de bonheur de vivre sur une plage tropicale. Ils sont passés en une fraction de seconde du bonheur total à la misère la plus profonde. Voir son bateau brisé par les vagues doit être un déchirement que je ne veux même pas essayer d'imaginer. Quelques jeunes se servent des drisses de grand mât pour se balancer et sauter dans l'eau. Nous repartons mais j'ai l'esprit chamboulé. J'explique à Kasira dans quel pays je suis né, et ce que les bateaux et la mer représentent pour un celte.








Il nous reste la route à faire et après un arrêt à Patong pour qu'elle récupère son scooter, nous rentrons sur Kamala, ravis de notre journée si bien remplie à ..........................  rien .



Gilles ........  Journaliste du Phuket Magazine en terre ceinte.............